Au procès du couple dépeceur, « un tourbillon de cauchemars »

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Le procès d’un couple chinois, accusé d’avoir tué et dépecé les parents d’un nourrisson dont ils avaient la garde et qui est décédé accidentellement, s’est conclu le 22 janvier dernier par la condamnation de la nounou à 20 ans de réclusion criminelle et l’acquittement de son conjoint.

Le jeune couple de trentenaires chinois qui comparaît aujourd’hui devant la Cour d’assises de Paris semble bien assorti, lui avec son cardigan marron glacé et ses fines lunettes rectangulaires, elle avec ses cheveux bien lissés et sa veste de tailleur, tous deux avec cet air sérieux. Mais, immobiles dans le box, Te (le mari) et Hui (la femme) n’échangent pas un mot. La stupeur ne les quitte plus depuis la nuit du 23 mai 2012 lorsque, selon leurs dépositions, Hui se saisit d’une hachette et tue dans son propre appartement les deux parents d’un enfant dont elle avait la garde. Lire la suite « Au procès du couple dépeceur, « un tourbillon de cauchemars » »

Couple dépeceur (3/4) : « Elle a trouvé de l’énergie dans le désespoir »

Le 3e jour du procès des « Chinois dépeceurs » était en majeure partie consacré à l’interrogatoire de Hui, qui s’accuse d’avoir porté les coups de hachette sur un autre couple, et de Te, qui dit l’avoir aidée à enterrer les corps.

La présidente Jacqueline Audax avait prévenu les jurés avant que ne débute la session d’assises :

« Vous pouvez changer d’avis. C’est difficile : vous pouvez avoir le sentiment de ne pas savoir ».

Qu’ont-ils ressenti, après avoir successivement vu les photos des victimes, puis écouté Hui et Te pleurer, l’une avouant avoir tué ce couple qu’elle appréciait et l’autre n’avoir pas su empêcher « un engrenage infernal », comme il dit, depuis la mort accidentelle du bébé jusqu’à la scène de lutte qui coûtera la vie aux parents ?

Pour connaître les circonstances du crime : « Elle a lancé la hache sur le père« 

Les interrogatoires des deux accusés permettent de lever le doute sur certains mystères qui demeuraient encore au 3e jour du procès. Lire la suite « Couple dépeceur (3/4) : « Elle a trouvé de l’énergie dans le désespoir » »

Couple dépeceur (2/4) : « Nous n’avons aucune photo d’elle »

La tristesse a aujourd’hui gagné la cour d’assises de Paris au procès du couple chinois qui a tué les parents d’un enfant dont ils avaient la garde. Les proches des victimes sont venus parler des disparus.

Au procès dit des « dépeceurs chinois », les dernières personnes qui ont croisé Ying, tuée avec son mari Liangsi par la nounou et son concubin, sont venues témoigner à la barre avec timidité et pudeur mais aussi avec prudence.

Pour connaître les circonstances du crime, lire Elle lance la hache sur le père

Les anecdotes retracent les derniers jours de Ying, l’une des deux victimes, qui profitait d’un peu de liberté après sa grossesse. Selon les us et coutumes chinoises, une jeune mère ne doit pas sortir pendant le premier mois suivant l’accouchement. Ying commençait tout juste à retrouver une vie sociale, rencontrer d’autres mamans et faire des courses ensemble. Lire la suite « Couple dépeceur (2/4) : « Nous n’avons aucune photo d’elle » »

Couple dépeceur (1/4) : « Elle a lancé la hache sur le père »

Le procès d’un couple chinois accusé d’avoir tué et dépecé un autre couple chinois après le décès d’un bébé s’est ouvert hier à Paris. La cour d’assises cherche à comprendre si la femme a seule porté les coups et fait disparaître les corps, et pourquoi…

Le jeune couple de trentenaires qui comparaît aujourd’hui devant la Cour d’assises de Paris semble bien assorti, lui (Te) avec son cardigan marron glacé et ses fines lunettes rectangulaires, elle (Hui) avec ses cheveux bien lissés et sa veste de tailleur, tous deux avec cet air sérieux. Mais, immobiles dans le box, Te et Hui n’échangent pas un mot. La stupeur ne les quitte plus depuis la nuit du 23 mai 2012 lorsque, selon leurs dépositions, Hui, la femme, se saisit d’une hachette et tue dans son propre appartement les deux parents d’un enfant dont elle avait la garde.

Les parents ont en effet confié leur bébé de deux mois et demi à Hui qui est nourrice rue Taine à Paris. L’enfant décède de mort subite par asphyxie. Au lieu de prévenir la police, Hui et Te font venir les parents le lendemain du décès pour leur proposer une indemnisation, comme le permet la tradition en Chine, disent-ils.

Les parents sont-ils tombés dans un piège ? Ou bien, devant la « présentation du bébé » – selon les termes des policiers – le père, fou de rage,  a-t-il  attaqué Te avec un couteau qui se trouvait là ? Hui et Te se sont-ils alors défendus ? Lire la suite « Couple dépeceur (1/4) : « Elle a lancé la hache sur le père » »

« Il a mordu sa fille au front »

à la Une« Il a mordu sa fille au front »

Comparutions immédiates, Paris

Assis dans le public, Yacine se lève pour rejoindre la barre et entendre son jugement. Derrière lui, trois gendarmes approchent discrètement. La condamnation tombe, 15 mois fermes pour violences sur mineurs de moins de 15 ans. Désorienté, il se retourne vers la salle mais le voilà déjà encerclé par les gardes. On l’emmène au dépôt.

Une heure plus tôt, quand le tribunal lisait les dépositions de sa famille à la police, Yacine n’était pas présent pour répondre. Même son avocat restait introuvable. Le prévenu a quand même été jugé « contradictoirement », assure la présidente.

« On a peur tout le temps »

La mère était également absente aujourd’hui. Battue depuis des années, elle n’a pas jamais porté plainte. Et quand elle se cache pour échapper aux coups, les enfants se retrouvent en première ligne. Ils sont trois : Marah 12 ans, Yana 8 ans et Mohammed, 6 ans. C’est d’abord pour eux trois que le tribunal est réuni. A l’administratrice judiciaire et à l’avocate qui les représentent, ils ont dit vouloir retrouver leur père : « qu’il reste avec nous mais qu’il soit plus gentil avec nous ». Avant d’avouer : « on a peur tout le temps ».

Les faits remontent au 4 juillet 2015, entre les murs d’un petit deux-pièces infesté de punaises dans le 17e arrondissement. Rentrant du travail, le père remarque l’absence de la fille aînée, descendue au square. Le fils refuse d’aller la chercher. Ce parfum de liberté et de rébellion rend immédiatement Yacine fou de rage. « Je savais que j’allais être frappée » expliquera la mère qui court s’enfermer dans les toilettes. L’homme éventre la porte sans pouvoir l’ouvrir, passe le bras pour pincer sa femme et l’obliger à sortir. Venu s’interposer, le garçonnet est projeté à travers la pièce, sa tête cogne le montant du lit. L’autre fille est frappée au ventre. « Je vous jure que je vais tous vous faire mourir de faim » menace le père. Alertés, les policiers interviennent à temps.

Une violence dévorante

Au commissariat, la mère raconte son histoire : elle a 14 ans et lui 17 quand ils se marient en Syrie. Sa belle-mère la maltraite immédiatement, des coups de poings dans le ventre. Le mari la frappe avec le pommeau de douche. Mais ça ne suffit pas, il la mord aussi, puis il mord sa fille aînée au front.

Si Yacine était venu répondre de ses actes un peu plus tôt à l’audience, s’il avait été défendu, peut-être le tribunal aurait-il pu tirer dans cette histoire familiale un fil inquiétant : celui qui relie les coups au ventre porté par la mère de Yacine à sa femme, les mêmes coups et les morsures de ce fils à sa propre fille, la menace et, sans doute, la terreur de la faim… Quelle répétition, quelle dérive étaient déjà à l’oeuvre dans cet appartement vétuste ?

Mais aujourd’hui la justice s’en tient aux faits et ils sont clairs. Toutes les déclarations sont corroborées par les examens médicaux : dent cassée, traces de morsures, hématomes, ecchymoses, oeudèmes… sur toute la famille. L’état psychologique de la mère préoccupe l’expert : hypervigilance, ruminations, tristesse d’humeur. Par leur délibéré, les juges ne se contentent pas d’envoyer Yacine en prison, ils signifient également ceci aux enfants : vous étiez victimes.

Pierre Anquetin

“L’enfant roi”

“L’enfant roi”

Jean est un petit garçon tenu éloigné du tribunal. Ces deux parents sont bien là, face à face. Yves est la partie civile ; Corinne est la défense et comparaît pour « injure, menace, menace sous conditions » envers Yves.
L’essentiel des débats tournera néanmoins autour l’enfant : la garde, les droits de visite constituent l’enjeu caché de l’audience.

« Si on me dit que je suis une mauvaise mère et que je ne dois pas vivre avec mon enfant, je l’accepterai. Je me bats pour que mon enfant vive dans un climat serein » explique-telle sèchement.

« Sur la tête de Jean »

Les parents sont déjà séparés quand elle est condamnée à une peine de prison pour un délit sans rapport avec l’affaire de ce jour. Au cours de la détention, le père élève son fils. Une fois libérée la mère entreprend de disputer la garde. Une violente bataille s’engage.

Les messages que Corinne a laissés à Yves sont lus devant le tribunal :

« Je peux te dire que tôt ou tard, tu vas le regretter. Toi tu as une sacrée ardoise. Tu es totalement détraqué de la tête. Je te le jure sur la tête de Jean, ce que tu as fait, tu vas le payer très cher, très cher, très cher. Tu vas payer pour tout ce que tu as fait à Jean. Les pères comme toi ne méritent pas d’être pères. »

« La fosse aux lions »

L’avocat du père décrit la vie de Jean comme un enfer une fois sa mère sortie de prison :

« Il est descendu dans la fosse aux lions. Il a été jeté en pâture. Il a été instrumentalisé. Malgré l’amour, Mme T. fait prévaloir la volonté de récupérer cet enfant en détruisant l’image du père. On lui a fait dire des choses abjectes sur son père. A tous les passages chez sa mère, il est soumis à un chantage affectif. Il vit un conflit de loyauté entre ses deux parents. Jean, l’enfant roi, ne l’est pas dans la réalité. Un jour il a pété les plombs. Le père a demandé de l’aide à l’hôpital. Madame a saisi cette occasion, elle a fait son cirque et un signalement a été mis en place. Rien ne sort de ce signalement. »

Vrai/faux débat

Rien, hormis la spirale de procédures qui conduisent les deux parents au tribunal pour tenter de gagner des points. La partie civile sollicite une décision « inscrite dans la durée » : une mise à l’épreuve, une obligation de soin, 1 euro de dommages et intérêt.

La procureure ne renchérit pas et s’en remet à la décision du tribunal. C’est un signe d’indulgence que la défense ne manque pas de souligner.
Sans répondre aux arguments sur l’éducation de Jean, elle rappelle avant tout que le tribunal n’a jamais été saisi d’une demande de résidence permanente :

« Le débat ce n’est pas cela. Mais le débat est de savoir si les faits de menaces sont constitués. »

Réponse le 17 février.

Pierre Anquetin