Le procès d’un couple chinois accusé d’avoir tué et dépecé un autre couple chinois après le décès d’un bébé s’est ouvert hier à Paris. La cour d’assises cherche à comprendre si la femme a seule porté les coups et fait disparaître les corps, et pourquoi…
Le jeune couple de trentenaires qui comparaît aujourd’hui devant la Cour d’assises de Paris semble bien assorti, lui (Te) avec son cardigan marron glacé et ses fines lunettes rectangulaires, elle (Hui) avec ses cheveux bien lissés et sa veste de tailleur, tous deux avec cet air sérieux. Mais, immobiles dans le box, Te et Hui n’échangent pas un mot. La stupeur ne les quitte plus depuis la nuit du 23 mai 2012 lorsque, selon leurs dépositions, Hui, la femme, se saisit d’une hachette et tue dans son propre appartement les deux parents d’un enfant dont elle avait la garde.
Les parents ont en effet confié leur bébé de deux mois et demi à Hui qui est nourrice rue Taine à Paris. L’enfant décède de mort subite par asphyxie. Au lieu de prévenir la police, Hui et Te font venir les parents le lendemain du décès pour leur proposer une indemnisation, comme le permet la tradition en Chine, disent-ils.
Les parents sont-ils tombés dans un piège ? Ou bien, devant la « présentation du bébé » – selon les termes des policiers – le père, fou de rage, a-t-il attaqué Te avec un couteau qui se trouvait là ? Hui et Te se sont-ils alors défendus ? Les faits sont encore confus en ce début du procès mais la suite semble connue : Hui tue successivement la mère et le père à coups de hachette. « Elle a lancé la hache sur le père », indique sa déposition. Puis elle démembre et décapite les corps, emballe les morceaux pour les ensevelir au bois de Vincennes et jeter les restes dans quelques poubelles du 12e arrondissement. Après quoi elle nettoie de fond en comble l’appartement de la rue Taine. Quelques jours plus tard, le couple part en Chine avec leur propre enfant âgé de deux ans, le confie à leur famille, rentre en France et, enfin, se livre ensemble à la Police.
« C’est à cause de moi et c’est moi. J’aurai des remords jusqu’à la fin de ma vie » murmure Hui en français, effondrée, tout de suite après le compte-rendu d’enquête. « Je n’ai jamais aidé ma femme, j’ai moi-même été aspiré dans un tourbillon de cauchemars et de violence », enchaîne Te.
Les policiers qui ont traité l’affaire s’étonnent des versions très similaires livrées par les époux. Ont-ils décidé de minimiser le rôle de Te pour qu’il puisse s’occuper du fils pendant que Hui purgera sa peine ? Face à Me Dupond Moretti qui défend Te, le dernier officier de police à la barre doit bien le reconnaître :
« Aucun élément ne permet de dire qu’il (Te) a participé au meurtre. La seule énigme dans cette histoire, c’est le corps du bébé. On ne l’a pas retrouvé ».
Autre question : pourquoi ne sont-ils pas restés en Chine ? Par peur de la peine de mort comme l’ont suggéré les autorités chinoises ? « On ne peut pas leur reprocher de ne pas s’être rendu » coupe à nouveau Dupond-Moretti.
Loin d’éclaircir le mystère de ce fait divers, la description des personnalités de Hui et Te, au terme de la première journée d’audience, révèle des caractères à mille lieux de l’horreur du crime : réserve et douceur pour lui, sensibilité et générosité pour elle, sont quelques traits brossés par les enquêteurs de personnalité devant la Cour mais aussi devant la partie civile qui, consternée par autant de compliments, attend son heure. Le procès se déroulera jusqu’au vendredi 22 janvier.
Lire la suite du procès : « Nous n’avons aucune photo d’elle«
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