« A-t-elle été humiliée ou violée ? »

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Le 5 décembre 2008 une jeune femme de 26 ans, Amélie, se présente à la brigade des mineurs de Paris. Elle vient porter plainte contre deux hommes, Guido et Romain. Elle les accuse de l’avoir violée neuf ans plus tôt, dans la soirée du 19 novembre 1999, à Paris dans le studio de Guido. Elle avait 17 ans et eux à peine 20. Lire la suite « « A-t-elle été humiliée ou violée ? » »

« Je suis la 2e victime de Zénon »

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Le 15 janvier 2016, la Cour d’assises de Paris acquittait Téodor du meurtre d’un SDF, Witek, commis il y a 15 ans au sein d’une communauté polonaise alors en proie à la violence. Le parquet général n’a pas formé appel.

« Je suis catholique : je ne prendrais jamais la vie de quelqu’un. Ce n’est pas moi ».

Ce sont les derniers mots de Téodor avant son acquittement par la Cour d’assises de Paris le 15 janvier 2016. Son histoire est celle d’un ex-boxeur polonais qui lutte depuis son arrivée en France en 1999 à l’âge de 31 ans pour ne pas être aspiré par la violence et la marginalité.

Il y est presque parvenu. Il a travaillé dur comme maçon et rencontré une française, Chantal, avec laquelle il vit sans jamais parler de ses années de galère. L’avocate générale Annie Grenier le concède : « L’homme que vous jugez aujourd’hui n’a rien à voir avec celui de 2000. » Avec son beau-frère Patrick, il entreprend même de retaper la maison de campagne familiale. Lire la suite « « Je suis la 2e victime de Zénon » »

« Un chauffeur, cela m’inquiète »

« Un chauffeur, cela m’inquiète »

Camille, Régis et Isabelle ont passé le réveillon avec une minerve autour du cou. Le 28 décembre, ils regagnent la capitale par l’une des autoroutes sinueuses à la circulation rapide qui convergent vers Paris. Le moteur de leur voiture s’enraie et les oblige à stopper sur la voie d’arrêt d’urgence, dans un virage.

Quelques minutes après, Grégoire s’engage à 130 km/h, la limite autorisée, dans le même virage. Il aperçoit au dernier moment le véhicule à l’arrêt sur sa droite, le percute, ne s’arrête pas. Il emprunte la prochaine bifurcation, passe un feu, roule encore quelques mètres. C’est alors que la police l’intercepte.

Je ne me suis pas arrêté parce qu’on était dans un virage. Je voulais aller jusqu’à la station service (…). Je m’excuse d’avoir réagit comme ça, j’aurais dû m’arrêter, j’étais paniqué.

Autre problème pour Grégoire, il roulait avec 0,53 mg d’alcool dans le sang, au lieu des 0,25 mg autorisés. Et son casier n’est pas vierge : conduite en état alcoolisé, défaut d’assurance, infraction à une suspension de permis.

Mon métier de chauffeur routier me passionne. J’ai passé une formation, j’ai économisé pour la payer. J’ai un frère paraplégique, un autre incarcéré, ma mère vit seule…

La procureure :

Reconnaître les faits est un minimum. Il s’agit d’un chauffeur, cela m’inquiète. Je demande de l’aider à ne pas recommencer.

Il risque 5 ans de prison. Il est condamné à 6 mois fermes, 6 mois de sursis, une obligation de soins, un stage de sensibilisation à la sécurité routière, 700 euros de préjudice moral répartis entre les trois victimes.
L’avocat de Grégoire lui a évité la suspension de permis.

Pierre Anquetin

« Un étudiant modèle »

Comparutions immédiates / Sylvain Lamoureux, 23 ans, un visage d’ange à la Casey Affleck, comparaît pour violences en état d’ivresse : il a roué de coups un vieux voisin venu s’interposer au coeur d’une dispute, dans le couloir de leur immeuble, rue Saint-Saëns.

Jean, la victime de 61 ans, a payé le prix fort : 15 jours d’interruption temporaire de travail, de beaux hématomes et, surtout, un doigt salement abîmé. Depuis, Jean prétend ne plus pouvoir exercer : il était ostéopathe.

Ce soir-là, Sylvain et sa copine boivent et s’amusent dans leur appartement quand une voisine vient frapper à leur porte pour se plaindre du tapage. Torse-nu, l’étudiant engage avec elle une bruyante dispute sur le palier. Les cris alertent Jean qui intervient à son tour. « Ta gueule le vieux, rentre chez toi » hurle Sylvain.

A la barre Jean raconte la suite :« J’ai voulu le calmer, je l’ai retourné, je lui ai donné une gifle ». Jean essuie en retour une pluie de coups qui le laissent K.O. à terre quelques secondes.

J’étais dans un cas de légitime défense

se justifie Sylvain devant le tribunal. L’argument passe mal. L’avocat de Jean se moque :

Un étudiant modèle ? Il s’est rendu coupable de violences. Il n’a pas saisi la notion de légitime défense. Mon client n’a pas fait le poids une seule seconde face à M. Lamoureux.

Pour la procureur, il y a en effet  « disproportion ». Elle réclame « une peine qui passera à M. Lamoureux l’envie de recommencer (…) : 6 mois avec suris et l’indemnisation des victimes pour que le calme revienne rue Saint-Saëns ».

La main de l’ostéopathe a-t-elle été blessée à cause de la première gifle, de la chute ou bien des coups de pieds assénés par l’étudiant ? L’audience ne permet pas de dégager une réponse claire mais Sylvain va emporter le dernier mot.

Méprisant son voisin affaibli, reléguant la plaidoirie confuse de son avocat, il conclut froidement devant la présidente :

« – Je déménage demain. Et je veux rappeler que j’étais pieds nus au moment des faits.
– Effectivement, quand on sort du lit, on est pieds nus, » murmure-t-elle avec un air pensif.

Son délibéré renvoie les deux voisins dos-à-dos : 5 mois de sursis pour Sylvain, refus de l’expertise et donc des dommages et intérêts pour Jean.

Pierre Anquetin

“Vol de légumes avec violence”

“Vol de légumes avec violence”

Comparutions immédiates

Paris, 18e arrondissement, la Goutte d’or.
Richard entre dans une épicerie de quartier pour trouver un peu d’alcool. Il a déjà beaucoup bu. Rapidement une dispute éclate : « Il balançait sa main avec un couteau et criait : donne moi un flash de rhum ! » racontera le commerçant, pourtant pas impressionné.
De dépit, Richard se saisit d’un sac d’oignons et s’enfuit. Il abandonne son butin quelques mètres plus loin mais le vol avec arme est signalé à la police.
Peu après, Richard rejoint le foyer social où il vit. Une nouvelle rixe l’oppose cette fois à un autre locataire qui reçoit plusieurs coups de poings. Les policiers interviennent et appréhendent Richard pour les deux délits.

Quelle était l’arme brandie dans l’épicerie ? Pourquoi le prévenu s’est-il battu ? Qui est-il ? Le tribunal, entièrement féminin, cherche les réponses.

Quand Richard a été interpelé il ne portait sur lui qu’un couteau suisse porte-clefs. Aucune autre arme n’a été retrouvée sur son chemin. Rapidement, la présidente écarte des débats l’hypothèse d’un « grand couteau » :

La présidente : Vous avez balancé votre porte-clef avec couteau suisse et il (le commerçant) l’a vécu comme une agression. Est-ce que vous pensez qu’il a pu être impressionné par votre comportement ?
Richard : Non…
Le commerçant : Il a pris le sac devant le magasin. Il a sorti un grand couteau.
La présidente : On revient au sac d’oignons parce que c’est ça qui obsède le tribunal. Il a pris le sac et après ?
Le commerçant : Il est parti sans payer.
La présidente (à la greffière) : Vous notez bien !
Richard : Je ne me suis pas sauvé.
La présidente : Pourquoi avez-vous pris un sac d’oignons ?
Richard : Je ne sais même pas pourquoi j’ai fait ça. (…) Si je n’avais pas bu, je ne serais pas comme ça. En plus ma femme va accoucher.

La bagarre dans le foyer social ? Richard ne reconnaît pas les faits. D’après son avocate et le personnel du foyer, les autres protagonistes avaient également bu. Et ils sont absents à l’audience.
Malgré leur désistement, Richard joue gros. Son casier judiciaire compte 23 mentions depuis 1985 : vol, détention et usage de stupéfiants, violence…

Mais l’enquête sociale révèle aussi que Richard est aujourd’hui un ancien toxicomane avec traitement de substitution. Il a déjà une fille de 8 ans, placée en foyer d’accueil à l’âge de 3 ans. La mère était elle-même alcoolique.

L’avocat du commerçant réclame 300 € de dommages et intérêts pour le « vol de légumes avec violence ». La procureur ajoute que l’alcool est une circonstance aggravante et exige 6 mois fermes. L’avocate de Richard rappelle qu’il sort de 5 semaines de détention.
Les juges le condamnent à 6 mois sursis et 300 € de dommages et intérêts.

Pierre Anquetin