« Elle était considérée comme un membre de la famille »

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Conseil des prud’hommes de Paris, section commerce

Stéphanie vient réclamer le paiement de ses heures supplémentaires pour un montant de 8 245,85 euros. La jeune femme était employée comme esthéticienne à la Boutique de Katia, petit salon de beauté au coeur du quartier Bastille.

Travailler chez Katia, c’est un peu entrer dans une famille. La grand-mère a donné son prénom à l’enseigne. Sa fille et sa petite-fille gèrent cet institut au décor soigné, à l’accueil chaleureux, au planning bien rempli et où l’on ne compte pas ses heures de travail.

Mais quand les relations avec ses patronnes se dégradent, Stéphanie fait les comptes : une à trois heures supplémentaires par jour pour préparer ou ranger la boutique pendant les 21 mois de son CDI feraient 445 heures non payées.

Pour preuve, elle produit 66 pages de planning surchargées, capturées à la volée sur Iphone, et 15 textos envoyés par l’employeur annonçant qu’il est en retard. En réponse, les messages de Stéphanie, déjà sur place : « Tout va bien, tout est en ordre » Il est entre 9:30 et 9:40. La boutique ouvre à 10 h.

« Et pourtant, toutes ces heures sup’ disponibles, on ne les retrouve jamais sur la fiche de paie », s’indigne Me Haddad qui assène le coup de grâce avec l’attestation d’une autre salariée se disant également lésée.

En face, pas de planning, pas d’agenda, pas de décompte. Me Journeau, le conseil de la maison Katia, joue la confiance trahie :

« Madame a attendu la date anniversaire de la rupture conventionnelle pour saisir. Il y a eu des primes. Elle était considérée comme un membre de la famille. Maintenant on retourne la situation (…) C’est à elle de fournir les heures travaillées et non l’inverse. »

En instillant le doute sur le volume d’heures, la défense espère diminuer le montant des impayés ou même, pourquoi pas, faire condamner Stéphanie à 5 000 euros de dommages et intérêts pour procédure abusive.

@PierreAnquetin