La tristesse a aujourd’hui gagné la cour d’assises de Paris au procès du couple chinois qui a tué les parents d’un enfant dont ils avaient la garde. Les proches des victimes sont venus parler des disparus.
Au procès dit des « dépeceurs chinois », les dernières personnes qui ont croisé Ying, tuée avec son mari Liangsi par la nounou et son concubin, sont venues témoigner à la barre avec timidité et pudeur mais aussi avec prudence.
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Les anecdotes retracent les derniers jours de Ying, l’une des deux victimes, qui profitait d’un peu de liberté après sa grossesse. Selon les us et coutumes chinoises, une jeune mère ne doit pas sortir pendant le premier mois suivant l’accouchement. Ying commençait tout juste à retrouver une vie sociale, rencontrer d’autres mamans et faire des courses ensemble.
« – Ying m’a raconté plein de choses sur sa vie, son arrivée en France, son mari, son travail au restaurant, se rappelle Zia, une nouvelle amie. Nous avons acheté pour 70 euros de couches.
– Nous n’avons aucune photo d’elle, souligne Me Laille, conseil de la famille de Ying. Pourriez-vous la décrire ?
– Elle était plus petite que moi. Elle avait des cheveux courts et de grands yeux. Elle aimait bien aider les autres ».
Pendant ce portrait, un silence qui ressemble à du recueillement fond sur public.
Meng, le jeune frère de Ying, est le premier à s’inquiéter de sa disparition. « Tous les deux jours, on s’appelait. J’ai essayé de la contacter trois jours de suite, sans réussir à l’avoir. » Il alerte les pompiers qui pénètrent dans l’appartement du 15e arrondissement où vivaient Ying et son mari. Sur place, le frère observe que Ying avait dû quitté les lieux précipitamment : « Le chat avait tellement faim qu’il ne pouvait plus marcher. »
« Comment se fait-il qu’elle ait disparue ? »
Sur le téléphone portable de sa sœur, Meng découvre deux messages vocaux de Hui, la nounou, l’accusée : « Il y a des couches et des vêtements de Lucas chez moi. Il faudra venir les récupérer quand je rentrerai de Chine » dit un message laissé par Hui alors qu’elle a déjà fait disparaître les corps des parents et de l’enfant. L’enregistrement de Hui est-il destiné à la police pour se disculper ? A la famille de Ying pour ralentir les recherches ?
Meng ne l’a pas encore compris et rappelle Hui, dans l’espoir d’obtenir des nouvelles de sa sœur. Il la cherche partout, il appelle tout le monde. Mais quand Hui lui répond, elle s’est déjà réfugiée en Chine. Elle choisit pourtant de mentir à Meng de vive voix :
« Je n’ai plus de nouvelles de ta sœur depuis qu’elle a récupéré Lucas chez moi. Elle est très gentille. Comment se fait-il qu’elle ait disparue ? Je suis inquiète moi aussi. Dès que tu as des nouvelles, avertis-moi. »
En écoutant aujourd’hui ses mensonges, Hui fond en larmes, le visage caché dans ses mains, derrière la vitre teintée du box.
Après avoir évoqué le souvenir de sa sœur, et témoigné aussi au nom de leurs parents malades qui n’ont pu faire le voyage depuis la Chine, et s’en excusent, Meng retrouve le coin des parties civiles avec un poids moins lourd sur les épaules. Il ployait sous la douleur depuis le début du procès. Désormais, il regarde les jurés la tête un peu plus haute.
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