Comparutions immédiates
N’Kouassi a 19 ans et la peau très cacao. Il est enfermé sous mandat de dépôt depuis bientôt un mois, en plein été. On lui reproche d’avoir blessé un jeune homme à la sortie d’un club parisien. La victime l’aurait reconnu grâce à sa « crête sur le haut du crâne ». Mais à l’audience, on ne voit ni crête ni victime et le prévenu nie : « Ce n’est pas moi. Quand je suis sorti il y avait déjà une bagarre ». Pour le Parquet les faits méritent 3 mois fermes et le maintien en détention.
Dans le public, les amis du garçon écoutent fidèlement l’avocate. Elle joue la colère avec sévérité : « Je remarque que le Parquet – une fois de plus ! – s’appuie sur une victime fantôme pour envoyer en prison un jeune qui clame son innocence ! Beaucoup de témoins étaient là, en particulier les videurs qui sont physionomistes, et personne n’est interrogé ! La barre de fer n’a pas été retrouvée. L’absence de démonstration est édifiante… La victime se désiste de sa qualité de partie civile et n’est même pas présente. Certes le prévenu n’est pas une oie blanche… mais j’ai là une promesse d’embauche en qualité de coursier… »
Le président prononce la relaxe, N’Kouassi sera libéré. D’un sourire vif et discret il salue ses copains avant de suivre les policiers.