La pluie vient battre les vitres jaunies, les couloirs sont déserts. Lambiance est lugubre au palais de justice. Cest le temps des vacances judiciaires. Les comparutions immédiates drainent pourtant leur lot de miséreux. Prévenus, victimes et avocats se rassemblent au compte-goutte devant la 23e chambre.
Quatre jeunes animent bruyamment le hall. Ils se retrouvent pour soutenir un ami arrêté au cours d’une rixe à la sortie d’un club.
Quelques fidèles spectateurs désuvrés sont aussi au rendez-vous. Une femme au regard grave chante en arborant sa BD de Sarko 1er. Elle s’accroche au premier interlocuteur venu, le fixe avec des yeux ronds et lui assène une cascade de propos délirants : « les coupables, on les reconnaît tout de suite. Ils le portent sur eux ! »
Une antillaise plus âgée attend sur un banc, bien droite. Elle est coiffée d’un chapeau bleu, elle est maquillée. Elle observe lagitation et sourit aux passants. Son fils de 38 ans va comparaître pour détention de crack. Elle se justifie, abattue : « Je ne peux pas le garder chez moi, je suis dans un foyer de retraitées. Cest très dur de sen sortir de cette drogue. » De suspensions daudience en reprises, elle attendra tout laprès-midi : ce fils pour lequel elle ne peut rien sera entendu en dernier.