“L’inutilité de la présence de l’avocat”

Dans un commentaire sur le billet Aïcha n’a pas d’avocat un internaute s’interrogeait sur l’utilité ou non de se faire défendre à la barre. Sans doute une provocation. Mais j’ai trouvé la réponse qui convient dans un recueil d’anecdotes écrit par Jean-Paul Lacroix : Le palais indiscret, Julliard, 1965. L’auteur a longtemps été chroniqueur judiciaire au Canard Enchaîné.

Il brosse le portrait de « Moro », l’un des ténors du barreau de l’entre-deux guerres. Cet avocat au verbe lyrique était aussi retardataire chronique. Un jour il se présenta trop tard à une audience correctionnelle : son client venait déjà d’être condamné à 6 mois de prison. Le président accepta de reprendre l’affaire, sans doute par respect envers l’encombrant avocat qui plaida :

– Messieurs, si après m’avoir entendu vous élevez la peine, vous montrerez que ma plaidoirie justifie des représailles. Si vous la maintenez, vous manifesterez l’inutilité de la présence de l’avocat. Vous ne pouvez donc logiquement que la diminuer.

La Cour ramena la peine de 6 mois fermes à « 2 mois sursis ».

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J’en profite pour remercier Pascale Robert-Diard pour ses conseils bibliographiques. Visitez son blog passionnant et plein d’humour : Chroniques judiciaires. Pascale Robert-Diard est journaliste au Monde. Elle a écrit Dans le ventre de la justice (Perrin, 2006) pour nous faire partager avec humanité ses souvenirs d’audience et sa vision de la justice rendue. Le livre est aujourd’hui épuisé, hélas. Mais je vous le prêterai avec plaisir, demandez-moi…

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