Comparutions immediates, chambre 23-2
Cette nuit-là, vers deux heures du matin, Fayçal titube à quelques pas du commissariat de la Goutte d’Or, dans le 18e arrondissement. Tout à fait éméché, il sourit, hoche la tête et… garde une main dans la poche. Il n’en faut pas plus aux policiers pour le contrôler puis le chasser un peu plus loin. Mais Faycal revient provoquer les agents : « Hallahou Akbar ! T’inquiète, j’ai des 762 ! Allahou Akbar ! » Il finit le week-end au poste, non sans avoir résisté, et le voilà devant le tribunal.
Le procureur : C’est quoi 762 ?
Fayçal : C’est une arme.
Le procureur : Quoi comme arme ?
Fayçal : Une kalachnikov.
Le procureur : Les policiers savent ce que c’est, eux.
Fayçal : Oui c’est sûr. Mais c’est dans la chanson.
C’est dans la chanson du rapeur Lacrim, que Fayçal écoutait au pied du commissariat. Il n’a fait que chanter les paroles à haute voix, confirme son avocat :
« Celui-là ce n’est pas un salafiste. Il boit, il fume, il… il sort. (…) Huit mois avec mandat de dépôt, pour quoi ? Pour une chanson fredonnée ? »
Dans le box des prévenus, Fayçal pleure et jure : « J’ai jamais émis d’apologie ! »
En fin de garde à vue, les policiers ont renoncé au chef de prévention d’apologie du terrorisme et déféré Faycal pour menace et rébellion. Son casier judiciaire ploie sous les condamnations pour violences, menaces, outrages… La dernière date de mai 2015 : 8 mois fermes et 10 avec sursis après avoir menacé de mort un policier. Il suffit aujourd’hui au procureur de requérir la révocation du sursis.
Fayçal est relaxé pour les menaces mais condamné pour rébellion à 5 mois fermes, sans mandat de dépôt : il devra se présenter devant un juge d’application des peines et, surtout, éviter les provocations.